14. LA PLUS JOLIE FLEUR Histoire

Ces temps agités, où un jeune roitelet s'en prend avec beaucoup de mépris aux vieux du pays, me rappellent une histoire édifiante. Jugez plutôt !

Bien tenté! mais ce n'est pas ça... cherchez encore!Je recommande cette histoire à tous ceux qui n'ont pas de mémoire
 

Durée du conte 10mn
Comptez  14mn pour le conte suivi de la musique " The Meadow" d'Alexandre DESPLATS

On annonçait partout dans le pays que la misère allez s’abattre sur le peuple?
Depuis de nombreuses années, la pluie ne tombait plus, la température augmentait à tel point qu'aucune récolte n'était vraiment intéressante. Le jeune seigneur de Camargue et ses nobles amis, étaient tellement occupés à faire fructifier leurs privilèges, qu'ils augmentaient les impôts, les taxes et les gabelles au lieu d'aider les plus pauvres... et les gens, bien sûr, allaient mourir de faim!

Le petit peuple camarguais commençait à se rebeller

Le seigneur (un homme, jeune certes mais qui, pensait-on, était d'une redoutable intelligence!) donna l'ordre d’enfermer tous les camarguais et comme les prisons étaient déjà pleines, il eut l’idée originale d’enfermer les gens... CHEZ EUX!
Surtout les plus vieux qui ne pouvaient se rendre utiles et ne faisaient, après tout, que manger la part du pain des autres.
Les vieux devaient donc rester enfermés dans leurs maisons de vieux et les jeunes, enfermés aussi, mais dans leurs maisons de jeunes, avaient interdiction de les rencontrer.

Voilà qui rendait tout le monde bien triste!

Or dans cette Camargue, vivait un jeune homme, nommé Bruno, qui ne voulait à aucun prix se priver de son père.
Le vieil homme fut ému par l'amour de son fils. Il réfléchit, puis lui conseilla de placer, dans un coin de la cour, un grand tonneau: les gendarmes n'y feraient pas attention et ce serait pour lui une très bonne cachette. Bruno se réjouit de cette idée et, dès le lendemain, il installa dans la cour, à l'ombre du figuier, un grand tonneau garni de paille pour que son père pût y dormir. Sur le haut du tonneau, ils aménagèrent un trou par lequel il lui passerait de la nourriture et qui lui permettrait de sortir à la nuit tombée, pour marcher et respirer de l'air frais. Ainsi, vécurent-ils tranquilles, ensemble, durant quelques temps.

Mais de nouveaux soucis vinrent tourmenter le jeune seigneur. Enfant, à l'école, il était tombé amoureux de sa maitresse et, avait finit par l'épouser (après tout pourquoi pas?), mais aujourd'hui, il se rendait bien compte qu'il n'aurait pas d'enfant pour lui succéder. Sa femme était trop âgée... mais par chance, elle avait une fille d'un premier mariage : la belle Marion.

Je dois la marier, se dit le seigneur. Mais je veux la donner au jeune homme le plus sage de la région, afin qu'après moi, il gouverne avec intelligence et... et dans l’intérêt de mes nobles amis!

C'est ainsi que peu après, il invita dans son château tous les jeunes hommes de Camargue et leur dit :

Je vous ai préparé 3 tâches difficiles. Seul le plus sage d’entre-vous sera capable de les mener à bien et c'est lui qui me succèdera sur le trône. Que ceux qui veulent tenter leur chance viennent demain avant l'aube au pied de la Tour Carbonnière :

Celui qui apercevra le premier le lever du soleil sera le vainqueur.

Les jeunes hommes se dispersèrent et, dès la tombée de la nuit, Bruno se précipita vers le tonneau pour confier à son père ce que le seigneur avait décidé.

- C'est très facile, fiston, répondit le vieil homme avec un sourire. Quand tu seras au pied de la tour, chacun regardera vers l'Est où le soleil se lève. Toi, tu te retourneras et tu regarderas à l'Ouest, le haut de la tour. C'est là que se posent les premiers rayons de soleil, bien avant que celui-ci n’apparaisse à l'horizon.

Et il en fut ainsi. Alors que tous les jeunes gens regardaient vers l'Est, Bruno se tourna dans la direction opposée et bientôt sur les créneaux de la tour brilla le premier rayon de soleil... alors qu'à l'est régnait encore l'obscurité. Bruno s'écria aussitôt joyeusement :

- Regardez, Sire, le soleil se lève !

Le seigneur fit un sourire de satisfaction, donna une tape amicale sur l'épaule du jeune homme et lui dit :

- Ma foi, tu es bien rusé ! Nous verrons comment tu t'acquitteras de la deuxième tâche.

Se tournant alors vers les autres jeunes gens, il déclara :

- Celui d'entre vous qui arrivera demain au château, avant midi,

ni pieds nus, ni chaussé, gagnera la seconde épreuve.

Les prétendants repartirent, l'air consterné.
De nouveau, Bruno courut vers son père et lui révéla avec émotion comment il avait réussi la première épreuve et celle qui l'attendait à présent. Cette fois encore, le vieil homme n'hésita pas longtemps :

- Ce ne sera peut-être pas si difficile, mon fils. Mets à tes pieds mes vieilles sandales, attache-les solidement... et coupe ensuite la semelle. Ainsi tu seras, ni pieds nus, ni chaussé, n'est-ce pas?

Le lendemain à midi, les jeunes gens arrivèrent les uns après les autres au château, chaussés de façons les plus étranges : certains portaient des bas, d'autre des chiffons, d'autres encore... des fers à cheval ! C'était un spectacle étonnant et tous les nobles étaient morts de rire. Bruno arriva le dernier. Il s'avança vers le seigneur, s'inclina profondément et s'assit. Puis il leva les deux jambes et montra ses plantes de pieds nues : aussitôt tout le monde l'applaudit et le seigneur dit en riant :

- Tu es vraiment très malin.
Mais à présent, la troisième épreuve... qui est peut-être la plus difficile, vous attend encore : je veux que vous veniez demain avec

un chapeau orné de la fleur la plus belle... mais surtout la plus utile !

Le père de Bruno l'attendait avec impatience. Quand il entendit le récit de la journée, il se réjouit de voir qu'il n'avait pas sacrifié ses sandales en vain. Mais Bruno se faisait beaucoup de souci pour la troisième épreuve.

- Attends mon garçon, l'interrompit le vieil homme, a-t-il dit la plus belle fleur ou la plus utile ?
- Je pense qu'il s'agit surtout de la plus utile, fit Bruno. Oui, oui, c'est bien cela !
- Alors, c'est tout à fait clair, conclut le père avec soulagement. La fleur la plus utile en Camargue est bien sûr celle de... l'épi de riz. Cueilles-en un demain et mets-le sur ton chapeau. Rien n'est aussi beau et en même temps aussi utile que les épis de riz dans les rizières !

Ce sage conseil réjouit le jeune homme.

Le lendemain, il se rendit au château avec un bel épi planté sur son chapeau. Les autres prétendants avaient orné les leurs de fleurs multicolores et lorsqu'ils aperçurent Bruno, ils se moquèrent de lui :

- Regardez c'est un épi, pas une fleur !

Mais le seigneur s’avança vers Bruno pour constater que sur l'épi...de minuscules fleurs au parfum intense annonçaient la naissance d'autant de grains de riz.

- Cette fois encore tu ne m'as pas déçu. La fleur que tu as apportée est en effet la plus utile du monde.

-Oui, c'est bien ce que me disait, hier... mon vieux père, lâcha Bruno.

Le seigneur sursauta et fit d'un ton sévère :

- J'aurais dû deviner tout de suite que ces idées concernant le lever du soleil, les sandales et l'épi de riz ne pouvaient venir de toi. Où aurais-tu trouvé tant d'expérience et de sagesse ? Dis-moi alors : où caches-tu ton père ?

Bruno tomba aux genoux du seigneur et lui dit toute la vérité. Celui-ci demeura quelque temps silencieux : au fond, il avait honte de s'être montré aussi impitoyable. Enfin, il ordonna à Bruno de se relever et déclara :

- Je ne peux punir ton amour pour ton père. Je reconnais maintenant que les anciens ont une expérience et une sagesse que ne possèdent pas les jeunes. Amène ton père au château. Ses conseils me seront sans doute précieux.

Bruno obéit avec joie et le vieux père échangea bien volontiers son tonneau rempli de paille contre une belle chambre au château.
Il devint conseiller du seigneur... et plus tard conseiller de Bruno qui succéda au seigneur avec sa femme, la belle Marion.

Nobles ou pauvres, jeunes ou vieux, les habitants de Camargue vécurent enfin dans la paix et le bonheur ...

 

"C'est par une multitude de détails que l'on transforme un moment en Camargue en joli souvenir"

Membre du Réseau CAMARGUE-LOCATION

Un Commentaire

  1. Je t’écoute avec un réel plaisir et j’apprécie les ajouts artistiques.
    Merci Patrick

    En janvier ça me dit de venir m’essayer à ces enregistrements.
    Chantal

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